L'ancienne poste d’Albigny sur Saône.
La poste d’Albigny sur Saône.
Ainsi qu’en atteste la façade, cet immeuble fut pendant près de 70 ans le bureau de poste de notre village. Mais le bâtiment lui-même fut le témoin de la vie albignolaise depuis de nombreux siècles.
Au XIXème siècle, le « Bureau de Poste aux Lettres » qui desservait Albigny fut d’abord Lyon, puis Chasselay. Dans les années 1900, le bureau de Neuville desservait notre commune. Mais la distance demeure, aussi des aménagements sont-ils mis en place, comme en 1910, où la Mairie signe une convention avec Mme Drezet, propriétaire du Café de la Place pour qu’elle mette la salle du café à disposition du facteur chaque jour de la semaine de 14 à 15h. Cependant, ces aménagements sont toujours provisoires…
En 1913, le directeur Régional des Postes et Télégraphes informe Monsieur le Préfet « qu’Albigny fait partie des communes susceptibles d’être dotées d’un établissement de facteur-receveur ». Interrogée par le Préfet, la commune donne un avis favorable. Mais la guerre survient. Avec les aléas d’après-guerre, les habitants d’Albigny sont toujours contraints d’aller chercher leur courrier à la poste de Neuville sur Saône.
Il faudra attendre 1936 pour que le conseil municipal prenne une délibération favorable à cette installation. Le Directeur Régional reçoit positivement cette demande sous réserve que la commune mette à disposition le local et assure une part du coût de fonctionnement.
Il faut dire que la commune vient d’acquérir la propriété Caillet. Cette propriété située en plein centre du village comprend : une « grande maison bourgeoise (NDLR : actuelle Maison de l’Accueil), chapelle et dépendances, cour, jardin, terre, pré et verger d’une superficie de trois hectares trente-huit ares cinquante-deux centiares environ, le tout d’un seul tènement … » (Acte de vente du 10 octobre 1936). Cette propriété fut l’ancienne Maison des champs de Jean Sève, (échevin en 1601 et Prévôt des marchands de Lyon en 1612), puis de Thomas de Boze au début du XVIIIème siècle. Elle a perdu de sa grandeur et de sa superficie lors de la construction de la voie de chemin de fer vers 1850 qui l’amputa de plus d’un hectare et, surtout, de son accès à la Saône.
Figure 1: La ferme de la propriété Caillet, vers 1906 (Collection Mme M.J Convard).
Dans ce qui constitue encore un très grand domaine, la municipalité envisage un projet d’envergure, dont la poste ne constitue qu’un élément. Celui qui est envisagé prévoit en effet « l’établissement d’un groupe scolaire, d’une salle d’éducation physique, d’une salle des fêtes, d’un jardin public, d’un lavoir municipal, d’un local pour poste de facteur-receveur, d’un logement du cantonnier. ». L’école, maternelle et élémentaire, sera installée dans la « maison bourgeoise », la poste dans l’ancienne ferme, les autres salles seront aménagées dans les dépendances (les bâtiments autour de l’actuelle cour du lavoir). Un plan de cet ensemble est proposé par Messieurs Salagnac, architectes à Lyon, en 1937.
La partie qui concerne la poste est approuvée par le maire, M. Valeyre, le 24 novembre 1937. Et validé par le Ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones le 31 janvier 1938. Il comprend le bureau de poste et le logement du facteur receveur, avec son jardin. On en profite pour réaménager aussi la place du marronnier.
A cette fin, on démolit le mur d’enceinte de la propriété Caillet (on peut voir la partie restante rue Etienne Richerand) ainsi qu’une maison d’habitation adossée à l’ancienne ferme (voir figure 1). La maison démolie doit dater de la fin du 18ème siècle ou du début du 19ème car elle n’apparaît sur les plans qu’à partir de 1828 (cadastre napoléonien). La nouvelle poste s’intégrera, elle, dans la ferme elle-même, sans doute la partie la plus ancienne de la propriété de Jean de Sève. Elle est antérieure à la Maison de l’Accueil et on peut voir encore depuis la cour intérieure la galerie de type Renaissance, ainsi qu’un cadran solaire sur une pierre de réemploi. On démonte dans cette maison ou dans la ferme une grande cheminée, et d’autres plus petites, des plafonds et des planchers à la française … Les gravats de la démolition servent à remblayer la nouvelle place.
Les travaux vont bon train malgré le début de la guerre, et le bureau de poste entre en fonction le 1er avril 1940. Tous les autres travaux prévus ne connaîtront pas le même succès. La Salle des Fêtes sera aménagée, ainsi qu’une Auberge de Jeunesse, le logement du garde et le lavoir, qui sera d’ailleurs déplacé plus tard à son emplacement actuel. Mais la délégation spéciale qui a remplacé le conseil municipal considère que le coût d’aménagement du groupe scolaire dans le « Château Caillet » serait trop élevé. Elle décide donc, lors de sa séance du 4 février 1942, de vendre cette maison et son parc à la Maison Départementale de retraite afin d’y accueillir des couples de retraités.
Dans les années quarante, notre bureau de poste flambant neuf dessert alors les communes de Curis, Poleymieux, Albigny et sa Maison de Retraite. Cette organisation perdure jusqu'au milieu des années soixante où la distribution du courrier est centralisée à la Poste de Neuville. Le bureau d’Albigny continua cependant à fonctionner pour l’envoi du courrier, les envois recommandés, les comptes chèques postaux (CCP) et le téléphone.
Figure 2: La poste en 1940.
Beaucoup d’Albignolais ont encore en tête les souvenirs de ce bureau de poste qui fonctionna jusqu’en octobre 2009 lorsque La Poste mit en place une nouvelle organisation. Certains de ses services sont désormais assurés par le bureau de tabacs/presse.
Les derniers travaux réalisés par la commune ont modifié la partie sud des bâtiments pour créer de nouveaux espaces (restaurant, salle de réunion). L’ancien bureau de poste lui-même héberge aujourd’hui le Club des Jours Heureux. Depuis la cour du lavoir, on peut toujours voir la galerie de style Renaissance, qui subsiste de l’ancienne propriété de Jean de Sève.
Figure 3: Facteur en 1948 (Dictionnaire Larousse).
Ces éléments proviennent des archives disponibles aux Archives Départementales du Rhône et à la Mairie d’Albigny sur Saône. Les données sur la propriété de l’Accueil sont tirées de la monographie « La propriété de l’Accueil » de Robert PERRADIN, éditée par le groupe histoire ALBINIACA. Marie Jo Convard a mis à disposition les cartes postales permettant de visualiser les bâtiments au début du XXème siècle.