La maison des associations

La Maison des associations.

 

La Maison des associations est le seul bâtiment subsistant du vaste ensemble architectural qui abrita successivement le Dépôt de Mendicité, puis la Maison Départementale de Retraite et enfin, le Centre de Long et Moyen Séjour.

Cet ensemble fut construit à l’origine sur les terres de la propriété dite de « La Mignonne ». Bâtiments d’habitation et d’exploitation, jardins, vignes et terres labourables composaient cette propriété d’une superficie de quatorze hectares, dont on trouve trace sur le cadastre de 1828. Celle-ci appartenait au Baron Lombard de Buffière.

C’est en 1808 que Napoléon signa un décret interdisant la mendicité sur tout le territoire et prévoyant la création de Dépôts qui pouvaient accueillir, outre les mendiants, les indigents qui avaient besoin d’être hospitalisés. Dans le Rhône, il fallut attendre le Préfet Vaïsse pour voir la création d’un tel établissement (Décret du 19 mai 1855 signé par Napoléon III). Dès 1854, le préfet et le Conseil Général avaient prévu l’achat de la propriété du « sieur Lombard-Buffière » et la vente fut effective le 15 mai 1856.

L’inauguration du Dépôt de Mendicité eut lieu le 1°août 1860. Au 1° janvier suivant, on comptait déjà 357 pensionnaires, mendiants et indigents. Ils étaient encadrés par 42 employés dont 25 religieuses.

Mais la promiscuité entre les deux catégories de pensionnaires posa très vite des problèmes On adopta donc le principe de la séparation de ces deux populations. En 1879, le Dépôt accueillait 222 mendiants et 342 vieillards indigents infirmes ou malades. Il fut donc décidé d’affecter l’établissement uniquement aux invalides du travail et indigents et de procéder à la construction de nouveaux bâtiments destinés au seul Dépôt de Mendicité. En même temps que l’on procédait à de nouveaux aménagements, et qu’on développait de nouvelles fonctions (lingerie, buanderie, clos de culture…), le personnel augmentait : les services de direction et le service médical s’étoffait, comptant 3 médecins, un pharmacien et son aide. Le service de surveillance comptait 23 personnes autour du surveillant-chef. En 1884, ils remplacèrent les 20 religieuses qui assuraient jusque-là ce service.

En 1900, l’établissement accueillait 719 pensionnaires. A la même époque, on distingua l’appellation des parties occupées par les mendiants qui conservèrent le nom de Dépôt de Mendicité, de celles affectées aux vieillards indigents ou malades qui prirent le nom de « Maison Départementale de Retraite ». On se préoccupa davantage des besoins d’hospitalisation et on procéda à de nouvelles installations liées à la santé et à l’hygiène (infirmeries, installation de lavabos, de bains-douches et de « cabines d’isolement »).

Après la difficile période du début du vingtième siècle et la Grande Guerre, la superficie de la propriété fut augmentée par l’acquisition de terres adjacentes. Une nouvelle loi sur l’hospitalisation en 1936 obligeait à de nouveaux aménagements et le nombre des pensionnaires augmentait encore : en 1939, la Maison de Retraite comptait 1400 pensionnaires, le Dépôt de Mendicité n’en comptait plus que 67.

Les pensionnaires bénéficièrent aussi de mesures sociales telles que l’instauration du « Sou de poche » : une somme de 5 Francs était attribuée aux hospitalisés ne bénéficiant d’aucun revenu. Par ailleurs, la construction de trois immeubles pour les membres du personnel libéra les chambres occupées par ces derniers. Celles-ci, réaménagées, purent être attribuées à des couples de pensionnaires. Cette possibilité d’accueil des « vieux ménages » fut renforcée par la construction d’un bâtiment dédié, inauguré le 19 septembre 1937 par Messieurs Laurent Bonnevay, Président du Conseil Général, et Bollaert, Préfet du Rhône. Il reçut le nom du directeur de l’époque : Jean-Marie Bonnefond. C’est en 1941 que le domaine de la Maison Départementale s’agrandit par l’achat de la propriété Caillet, jouxtant la MDR au nord et devenue l’Accueil.

Après la guerre, en 1946, l’établissement prenait le nom de « Maison Départementale de Retraite du Mont d’Or ». Peu à peu, les bâtiments furent modernisés et la prise en charge des pensionnaires évolua notablement. Les décennies suivantes allaient parachever cette évolution, d’abord avec la création de nouveaux pavillons de convalescence ou de cure sur les terrains de la ferme de la Maison située entre la voie ferrée et la route départementale 51. Un autre pavillon fut construit face à l’Accueil. Modernes et fonctionnels, ces bâtiments regroupaient près de cent personnes chacun et n’avaient pas d’attache avec l’ancien établissement, les séjours étant limités et renouvelables selon l’état de santé constaté par les médecins. Ils préfiguraient le Centre de Long et Moyen séjour.

Ainsi, à la fin des années 1980, la volonté d’humaniser et de médicaliser la prise en charge des personnes âgées convertit l’ancien hospice de la fin du 19ème siècle en hôpital destiné à l'accueil des personnes âgées. De 1200 pensionnaires accueillis après la guerre, on était passé à 600. Le Pavillon H (Hortensia) regroupait alors au rez-de chaussée la cuisine ainsi que la boulangerie pâtisserie qui fabriquait les repas, le pain et la pâtisserie pour toute la communauté. Le premier étage hébergeait des malades âgés très dépendants qui ne pouvaient ni sortir ni voir le paysage du fait de la hauteur des fenêtres !

C’est en 2005 que les vieux bâtiments furent rasés, seul demeura ce bâtiment en guise de témoignage d’une époque et d’une architecture qui marqua l’histoire du village. Mais loin d’être un vestige, il accueille désormais dans d’excellentes conditions les associations de la commune, face au très moderne Centre hospitalier gériatrique du Mont d’Or.

 

 

La plupart de ces éléments sont extraits du livre « Albigny sur Saône à la recherche de son passé », ouvrage collectif de citoyens d’Albigny, publié par le Groupe d’histoire Albiniaca en 1992.